29 janvier 2024
Avec la loi « Avenir professionnel », les anciens OPCA (organismes paritaires collecteurs agréés) ont été remplacés par les OPCO (opérateurs de compétences), au nombre de 11. Cette réforme avait pour ambition de simplifier l’accès à la formation et de répondre aux besoins variés des secteurs d’activité, tout en favorisant un meilleur financement de l’apprentissage et de la professionnalisation.
Force est de constater que derrière ces belles intentions, les entreprises se heurtent à une réalité plus complexe, avec des enjeux de répartition, des procédures administratives parfois lourdes et une couverture inégale des besoins en formation des TPE/PME.
Voici un tour d’horizon des 11 OPCO, chacun d’entre eux couvrant des secteurs spécifiques et apportant un soutien ciblé aux entreprises.
L’OPCO des entreprises de proximité a pour mission de soutenir les petites entreprises, notamment les artisans, les commerçants, et les services de proximité. Son champ couvre des branches telles que l’artisanat, les métiers de bouche, et le commerce de détail. Cet OPCO est essentiel pour les petites structures souvent sous-équipées en termes de formation. Malgré sa vocation à se rapprocher des réalités locales, les démarches administratives requises pour accéder aux financements restent un obstacle pour bon nombre d’artisans, déjà accaparés par la gestion quotidienne de leur activité.
Comme son nom l’indique, l’OPCO Santé est dédié au secteur de la santé et du médico-social. Il englobe les hôpitaux, les cliniques, les maisons de retraite et autres structures de soins. Cet opérateur joue un rôle crucial dans l’amélioration continue des compétences dans un secteur particulièrement exigeant et en perpétuelle évolution. Néanmoins, la réactivité face aux besoins en compétences nouvelles, comme celles liées à l’évolution des technologies médicales, peut parfois être insuffisante, notamment pour les établissements de petite taille.
L’OPCO Cohésion Sociale prend en charge les services à la personne, les associations, les fondations, ainsi que les organismes d’insertion et les syndicats. Il soutient également des structures atypiques comme les partis politiques et les comités d’entreprise. Il est supposé répondre aux enjeux de formation dans des secteurs où la main-d’œuvre est souvent précaire ou mal formée. Cependant, l’étendue très large de son champ d’intervention est à double tranchant : elle permet de répondre à des besoins divers, mais la mutualisation des ressources n’est pas toujours équitablement répartie entre les différentes branches couvertes.
L’OPCO Commerce regroupe les branches commerciales, incluant le commerce de détail, le commerce de gros et les grandes surfaces. Les besoins en formation concernent principalement la vente, la relation client et la gestion commerciale. L’un des défis auxquels cet OPCO fait face est l’adaptation de l’offre de formation aux évolutions rapides du secteur, telles que la digitalisation et le développement du e-commerce, des tendances qui redéfinissent profondément les métiers du commerce.
OPCO Atlas est responsable des secteurs financiers et du conseil. Il couvre les banques, les assurances, la finance, ainsi que les entreprises de conseil et les bureaux d’études. Les besoins en formation dans ces domaines concernent souvent des compétences pointues et techniques, avec des enjeux forts liés à la réglementation. Cet OPCO a pour mission de s’assurer que les collaborateurs sont toujours en phase avec les évolutions législatives et les nouvelles technologies. Toutefois, la lourdeur administrative des dispositifs de formation peut parfois freiner les PME qui n’ont pas de services RH dédiés.
OCAPIAT est l’opérateur des entreprises et exploitations agricoles, des industries alimentaires, ainsi que des coopératives agricoles. Ce secteur, marqué par des difficultés de recrutement et une formation souvent rudimentaire, bénéficie grâce à cet OPCO de programmes visant à améliorer les compétences techniques et la sécurité au travail. Mais là encore, le problème reste la difficulté à mobiliser les agriculteurs sur des actions de formation, tant le quotidien est accaparé par les impératifs de production.
OPCO 2i est l’opérateur des industries de la métallurgie, de la chimie, du papier-carton, et d’autres industries connexes. Ce secteur nécessite des compétences de plus en plus techniques, et OPCO 2i intervient pour garantir la montée en compétences des salariés face aux évolutions technologiques et industrielles. Cependant, malgré des moyens financiers relativement importants, il est parfois critiqué pour une offre de formation standardisée qui ne s’adapte pas toujours aux besoins spécifiques des petites entreprises industrielles.
L’OPCO Construction couvre les métiers du bâtiment, des travaux publics, ainsi que le négoce des matériaux de construction. La formation continue dans ce secteur est primordiale pour répondre aux enjeux de sécurité et aux évolutions des normes (notamment environnementales). Toutefois, la mobilisation des acteurs du bâtiment, en particulier les artisans, reste limitée par des formalités administratives trop souvent dissuasives.
OPCO Mobilité prend en charge les secteurs du transport routier, maritime, ainsi que les services de l’automobile. Les formations concernent à la fois des compétences techniques (mécanique, conduite) et des compétences en matière de sécurité. L’un des défis majeurs est d’assurer une offre de formation qui soit adaptée aux évolutions rapides du secteur, notamment en ce qui concerne les nouvelles motorisations (électrique, hydrogène).
AKTO est en charge des services à forte intensité de main-d’œuvre, incluant les services à la personne, la sécurité, la propreté, et la restauration. Ces secteurs souffrent d’une forte précarité de l’emploi et d’un besoin permanent de montée en compétences pour garantir la qualité du service rendu. Les dispositifs de formation doivent donc être accessibles et attractifs, mais le manque de temps et de ressources des petites entreprises reste un frein majeur à la formation des salariés.
Cet OPCO, qui englobe les assurances, les services financiers, et le conseil, a un rôle crucial dans la montée en compétences de ces secteurs fortement réglementés. Il se concentre sur la formation aux nouvelles exigences de conformité et sur l’adaptation des compétences aux technologies de l’information qui révolutionnent les métiers financiers. Les efforts déployés pour moderniser l’offre de formation sont considérables, mais la complexité des démarches administratives associées à ces formations reste un point noir pour les entreprises de taille intermédiaire.