17 septembre 2024
La délégation de pouvoir est un mécanisme juridique permettant à un employeur de transférer une partie de ses responsabilités, notamment en matière de sécurité et d’hygiène, à un salarié désigné. Ce processus est particulièrement intéressant dans les entreprises multi-sites ou dans les structures complexes, où le dirigeant ne peut assurer seul la supervision de toutes les obligations légales. Toutefois, ce transfert de responsabilités ne peut s’effectuer qu’en respectant des conditions strictes, tant sur le fond que sur la forme. La délégation de pouvoir doit être utilisée avec rigueur et transparence, sous peine de voir l’employeur continuer à supporter les sanctions liées à d’éventuelles infractions.
La délégation de pouvoir permet de transférer certaines responsabilités légales de l’employeur vers un salarié spécifique. Dans le cadre des règles d’hygiène et de sécurité, c’est l’employeur qui est normalement tenu de veiller à leur respect. Cependant, dans les entreprises de grande taille ou géographiquement dispersées, cette surveillance devient quasi impossible. C’est là que la délégation de pouvoir prend tout son sens. Elle permet à l’employeur un moyen de se décharger de certaines obligations, tout en désignant un salarié capable d’assumer ce rôle.
Une fois la délégation mise en place, le salarié délégataire endosse la responsabilité pénale pour tout manquement aux règles déléguées. En d’autres termes, si une infraction est constatée dans le domaine de l’hygiène ou de la sécurité, c’est le salarié désigné qui en portera les conséquences pénales, et non plus l’employeur. Dans certaines grandes entreprises, cette délégation est même jugée obligatoire par les tribunaux, faute de quoi l’employeur pourrait être accusé de négligence.
Bien qu’aucun écrit ne soit formellement requis pour que la délégation de pouvoir soit effective, il est vivement conseillé de la formaliser par un document écrit, que ce soit sous la forme d’une clause contractuelle ou d’un document distinct. Cela permet non seulement de clarifier les termes de la délégation, mais aussi de se prémunir contre toute contestation ultérieure. Ce document doit être précis et indiquer clairement les responsabilités transférées au salarié.
Le choix du délégataire est également encadré par plusieurs critères essentiels. Tout d’abord, ce salarié doit posséder les compétences techniques et professionnelles nécessaires pour faire respecter les réglementations en vigueur. Il doit également avoir une autorité suffisante au sein de l’entreprise, lui permettant de s’assurer du respect des règles, ce qui inclut un pouvoir disciplinaire si nécessaire.
Par ailleurs, il est bien évident que le salarié doit disposer des moyens matériels et financiers adaptés à l’exercice de ses nouvelles responsabilités. Il ne serait pas logique de confier ce rôle à une personne qui ne pourrait pas se rendre sur le terrain ou qui ne disposerait pas des ressources nécessaires pour appliquer les mesures de sécurité.
Enfin, la délégation de pouvoir doit être exclusive, c’est-à-dire confiée à une seule personne. Cependant, le délégataire peut à son tour déléguer une partie de ses responsabilités, à condition que la personne choisie réponde elle aussi aux critères exigés. Cette sous-délégation est possible, sauf si elle est explicitement interdite par l’employeur.
La délégation de pouvoir ne doit en aucun cas servir de moyen pour l’employeur de se défausser totalement de ses responsabilités. L’utilisation de ce mécanisme à des fins frauduleuses, par exemple pour échapper à des sanctions pénales tout en conservant un contrôle tacite, est strictement interdite et pourrait être requalifiée comme telle par les tribunaux.
Par ailleurs, pour que la délégation soit valide, elle doit impérativement être établie avant la survenance d’un dommage ou d’une infraction. Une délégation rétroactive serait immédiatement annulée. Enfin, l’employeur ne peut s’exonérer totalement de sa responsabilité civile, même en cas de délégation de pouvoir. En effet, l’article L4741-7 du Code du travail précise que l’employeur demeure civilement responsable des condamnations prononcées contre ses subordonnés.
Lorsque la délégation est correctement mise en place, le salarié délégataire engage sa responsabilité pénale pour toutes les infractions en matière d’hygiène et de sécurité couvertes par cette délégation. En revanche, la responsabilité civile de l’employeur reste engagée, conformément aux dispositions légales. Cela signifie qu’en cas de condamnation du salarié délégataire, l’entreprise pourrait être tenue de payer les dommages et intérêts, même si l’employeur n’est pas personnellement impliqué dans l’infraction.
Il est également possible pour l’employeur de renouveler cette délégation en cas d’absence ou d’indisponibilité temporaire du salarié délégataire. De plus, le salarié peut initier une subdélégation, sous réserve que la personne choisie réponde aux critères requis, comme évoqué plus haut.