19 septembre 2024
La clause de confidentialité et de discrétion professionnelle est un outil essentiel pour toute entreprise désireuse de protéger ses intérêts. Si chaque salarié est déjà tenu, en vertu du contrat de travail, à une obligation de loyauté et de confidentialité envers son employeur, la mise en place explicite d’une telle clause renforce cette obligation, en encadrant davantage la transmission et la protection des informations sensibles auxquelles les salariés peuvent avoir accès.
La clause de discrétion professionnelle ne doit pas être confondue avec le secret professionnel, réservé à certaines professions spécifiques. Elle vise à protéger des informations que le salarié a pu connaître au cours de ses fonctions, et dont la divulgation pourrait causer un préjudice certain à l’entreprise. Parmi ces éléments sensibles, on peut retrouver des secrets de fabrication, des stratégies commerciales, des données financières ou encore des formules chimiques ou culinaires.
Cette clause a donc pour but de prévenir toute fuite d’informations stratégiques qui pourrait nuire à la compétitivité de l’entreprise. En renforçant la vigilance des salariés sur ces questions, l’employeur cherche également à sensibiliser son personnel aux risques encourus en cas de manquement à cette obligation.
On pourrait s’interroger sur la nécessité de formaliser une telle clause dans un contrat de travail, alors même que le Code du travail et le Code civil imposent déjà une obligation de bonne foi et de loyauté de la part des salariés. L’article 1222-1 du Code du travail, par exemple, stipule que le contrat de travail doit être exécuté de manière loyale. Toutefois, la formalisation d’une clause spécifique de discrétion permet d’établir clairement les attentes de l’employeur et d’insister sur l’importance de certaines informations stratégiques.
L’employeur peut ainsi rappeler au salarié ses obligations de manière plus appuyée et se doter d’un moyen de pression supplémentaire en cas de litige ou de manquement. Cette formalisation contribue également à prévenir tout flou juridique concernant la nature des informations protégées par le devoir de confidentialité.
En principe, les obligations contractuelles disparaissent avec la rupture du contrat de travail. Cependant, il est possible d’inclure dans une clause de discrétion des dispositions visant à prolonger l’obligation de confidentialité après le départ du salarié. Cela est d’autant plus pertinent dans les secteurs où la divulgation d’informations confidentielles pourrait avoir des conséquences lourdes pour l’entreprise, même après la cessation de la relation de travail.
L’entreprise pourra ainsi se prévaloir de cette clause pour obtenir réparation du préjudice causé par une violation de confidentialité, que cette dernière survienne pendant ou après la période de travail. Notons que l’existence de cette clause permet à l’employeur d’agir en justice pour obtenir réparation, sans qu’il soit nécessaire de prouver une faute lourde de la part du salarié.
Si la clause de discrétion professionnelle renforce la protection des intérêts de l’entreprise, elle doit néanmoins être utilisée avec précaution. Il est important de ne pas en faire un outil de répression, au risque de démotiver les salariés ou d’entraver leur liberté professionnelle. De plus, la clause ne doit pas être utilisée pour masquer des abus de pouvoir ou dissimuler des pratiques illégales, car cela exposerait l’employeur à des poursuites.
Enfin, il convient de préciser que pour être valable, cette clause ne doit pas restreindre de manière excessive la liberté professionnelle des salariés après la rupture du contrat. Une clause disproportionnée dans sa durée ou dans son champ d’application pourrait être annulée par les juges, au même titre que les clauses de non-concurrence.
En bref, l’insertion d’une clause de confidentialité dans les contrats de travail s’avère souvent intéressante pour les entreprises cherchant à protéger leurs informations sensibles. Toutefois, comme pour toute disposition contractuelle, son utilisation doit respecter un équilibre entre protection des intérêts de l’entreprise et liberté des salariés. Une clause bien rédigée, encadrée juridiquement, permet non seulement de rappeler les obligations de discrétion et de loyauté du salarié, mais également d’apporter une protection supplémentaire à l’entreprise en cas de litige.
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